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Et si la première séance était la dernière ! La thérapie brève sans rendez-vous


Introduction à la thérapie d’une séance unique



Je souhaite, à travers cet article, vous parler d’une pratique qui me tient à cœur et que j’aimerais voir se développer en France. Il s’agit de la thérapie d’une séance unique (ou Single Session Therapy) que j’ai découvert en septembre 2018, lors d’une conférence de l’EBTA (European Brief Therapy Association) à Sofia. Flavio Cannistra, un psychothérapeute italien, est venu ce jour-là faire une présentation sur la Single Session Therapy et j’ai tout de suite pensé que c’était une approche qui correspondait parfaitement à mes valeurs et au sens que je voulais donner à l’accompagnement thérapeutique.

L’idée de cet article sera de vous expliquer en quelques lignes ce que j’entends par la thérapie d’une séance unique, puis de vous expliquer en quoi son développement s’inscrit dans une évolution logique de la psychothérapie en France (thérapies familiales, thérapies brèves, TCC, neuropsy…).



La thérapie brève d’une séance unique, qu’est-ce que c’est ?


La thérapie d’une séance unique s’est développée dans les années 1990 grâce à Michael F. Hoyt, Moshe Talmon et Robert Rosenbaum. Depuis, de nombreux professionnels ont rejoint ce mouvement et, notamment, Flavio Cannistra qui a créé le studio de la psychologie en Italie et écrit un livre sur ce sujet.


Photo livre jaune

Bien sûr, la thérapie d’une séance unique est un service de plus dans le champ des thérapies brèves et ne remet en aucun cas en cause les approches traditionnelles et, notamment, la thérapie orientée vers les solutions.

La thérapie d’une séance unique, c’est l’idée que la thérapie ne pourrait durer qu’une seule séance. Le thérapeute et son client s’engagent donc à donner le maximum, le temps d’une rencontre thérapeutique d’environ 50 minutes. Selon Flavio Cannistra, on s’aperçoit souvent que de gros problèmes peuvent se résoudre avec de petits changements.

Selon Young (2008), la thérapie d’une séance unique s’inscrit dans un système de prestation de services au même titre qu’un médecin, un dentiste ou autre professionnel de santé.

La personne prend rendez-vous avec son thérapeute avec une demande de changement, un problème à régler, et le thérapeute s’engage à l’aider dans cette voie en gardant à l’esprit que cette séance pourrait être la dernière.


Ce changement d’état d’esprit fait toute la différence dans la relation thérapeutique, chaque séance est unique et pensée comme un tout.


Bien sûr, la personne est libre de demander une autre séance et de revenir voir son thérapeute ultérieurement, mais seulement si elle en éprouve le besoin. Ce ne sera en aucun cas la préconisation du professionnel. Pour le dire autrement, la porte ne se ferme pas après la première séance, chaque personne peut revenir quand elle le souhaite.


Cette nouvelle approche repose sur un constat assez simple qui nous invite à relativiser nos croyances et nos idées reçues par rapport à l’accompagnement thérapeutique, à savoir qu’il doit perdurer dans le temps pour être efficace.


En effet, selon une recherche de Weir et al (2008), près de 50% du temps, la psychothérapie ne dure qu’une seule séance. 20% du temps, elle est de 2 séances, 10% pour 3 séances, 5% pour 4 séances et un pourcentage minime au-delà.

Ce sont des chiffres et des pourcentages que je retrouve dans ma pratique de la thérapie brève orientée solution. Il arrive souvent qu’une séance soit suffisante pour la personne.

De plus, quand on propose aux personnes de faire un choix entre Single Session Therapy et approche traditionnelle, une sur deux choisit la thérapie en une séance unique (Hoyt et al. (1990) : 58% ; Weir et al (2008) : 42%).



En France et au Québec, de nouvelles croyances à construire


Les contextes français et Québecois ne sont sans doute pas les meilleurs pour tenter de développer un accompagnement thérapeutique se voulant minimaliste et limité dans le temps. En effet, les théories psychanalytiques ont fortement influencé nos croyances et une majorité de personne défend ardemment l’idée que, pour aller mieux ou dépasser des blocages, il faut nécessairement passer un temps conséquent à chercher les causes du problème.


Ce contexte, très spécifique à la France, n’est pas en soi une limite, dans la mesure où une offre nouvelle en thérapie brève pourra s’adresser aux personnes qui, en général, ne vont pas voir un psychologue ou un psychothérapeute du fait d’un coût financier trop important et d’un nombre de séances trop conséquent.

Flavio Cannistra expliquait, lors de cette conférence à Sofia, qu’il n’avait jamais eu autant de clients que depuis qu’il avait lancé son cabinet de Single Session Therapy. Selon lui, la grande majorité des offres de psychothérapie est utilisée par une minorité de personnes.



Evan George, dans une vidéo que je vous conseille (en anglais malheureusement), explique sa conception sur le minimalisme de l’approche orientée solution et pense que les clients venant en thérapie ne sont pas là pour le plaisir d’expliquer leurs problèmes en détail à un thérapeute. Au moins la personne passera de temps avec son thérapeute, au plus elle en aura à consacrer à sa vie.



L’approche orientée solution s’inscrit donc dans le courant des thérapies brèves et Hoyt (2009) donne la définition suivante :


· Traitement sur une courte durée pour soulager la détresse psychologique et/ou favoriser la croissance

· Le développement d’une alliance collaborative et l’accent mis sur les forces du patient/client au service de la réalisation efficace d'objectifs co-créés



Pour conclure


Il semblerait que les choses commencent à changer sensiblement au Québec avec l’arrivée de nombreuses formes de médecines et de thérapies alternatives. Il faut, bien sûr, rester attentif face à une recrudescence des soigneurs de tout genre et aux fausses promesses que certains peuvent faire naître.


Je préfère voir dans cette dynamique de nouveaux besoins et de nouvelles aspirations des personnes.

Selon moi, elles souhaitent se sentir actrices de leur vie, valorisées et entendues, afin de pouvoir opérer des changements rapides et significatifs. Certaines d’entre elles auront l’envie de consulter un thérapeute l’espace d’une séance avec l’espoir que celle-ci puisse être la dernière.


Je souhaite, pour finir, anticiper sur les possibles critiques politiques de ce dispositif. La thérapie d’une séance unique n’est en rien un nouvel outil de l’appareil néolibéral : il est, au contraire, un nouveau dispositif éthique qui souhaite donner accès au plus grand nombre à la thérapie, tout en offrant un service au moins aussi efficace, sinon plus.

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