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Du pourquoi au vers quoi, l’approche orientée solution (AOS) au service du devenir de la personne.



« L’homme devrait mettre autant d’ardeur à simplifier sa vie qu’il en met à la compliquer. » Henri Bergson


Selon vous, qu’attend une personne de son thérapeute, psychologue ou psychiatre quand elle va le consulter pour de l’insomnie ?


Souvent, la réponse à cette question m’a surpris du fait qu’elle en dise long sur nos croyances, constructions et valeurs au sujet de l’accompagnement et du soin en général.


La plupart répondent que si une personne va consulter un professionnel quand elle souffre d’insomnie, c’est avant tout pour comprendre les causes de son problème. Pour beaucoup, il paraît inconcevable d’envisager que nous puissions aller mieux sans avoir compris d’où venez nos difficultés.


Selon Sébastien Dupont*, ce revirement trouve son origine chez Freud lui-même qui avait, à juste titre (selon lui), insisté sur le fait que le processus thérapeutique, pour aboutir, ne devait pas attaquer de front le symptôme, mais chercher d’abord à en trouver les causes psychologiques, les complexes sous-jacents.


Nous verrons plus tard comment l’approche orientée solution, sans attaquer de front le symptôme, trouve une nouvelle voie pour ne pas avoir à rechercher les causes des problèmes (le pourquoi).


Le champ de la santé est encore très influencé par la psychanalyse qui s’est développée et imposée en France au cours du 20ème siècle. De 1960 à 1980, elle a occupé une place prédominante dans la formation des psychiatres. Elle a également exercé une influence considérable dans les facultés de psychologie.


Pour Sébastien Dupont, elle a présidé à la création d’une profession spécifique – qui a quasiment valeur d’exception française -, celle de psychologue clinicien (P139).


Dans ce contexte culturel français, nous avons accepté en grande majorité l’idée que le travail d’introspection et d’analyse (en général assez long) était nécessaire pour comprendre l’origine de nos problèmes.


L’affirmation des praticiens orientés solutions dans ce contexte devient donc assez subversive : Comprendre l’origine d’un problème ne le fait pas pour autant disparaitre !


Quand je reprends cette question de l’insomnie avec des groupes, il arrive cependant d’avoir une réponse qui fait l’unanimité de par sa simplicité et son évidence. Si une personne va consulter un professionnel quand elle fait de l’insomnie, c’est avant tout pour réussir à dormir ! Le vers quoi.



D’un accompagnement traditionnel de type résolution de problème (Le pourquoi ?) …


Voici comment pourrait commencer une séance traditionnelle avec une logique de recherche des causes et comme finalité la résolution des problèmes. On retrouve cette façon de mener les entretiens que ce soit en thérapie, psychothérapie, coaching ou accompagnement social.


Thérapeute : Qu’est-ce qui vous amène ici ? Comment puis-je vous aider ? Quel est votre problème ?

Client : Je souffre d’insomnie, je n’arrive plus à dormir.

Thérapeute : Depuis combien de temps cela se manifeste-t-il ?

Client : j’ai toujours eu des difficultés à dormir.

Thérapeute : Qu’avez-vous déjà essayé pour aller mieux ?

Client : J’ai tout essayé, mais rien n’a vraiment fonctionné.

Thérapeute : Des problèmes similaires dans votre famille ?

Client : Ma mère a toujours fait des insomnies, elle se réveillait souvent la nuit !

Thérapeute : Et votre père, quel homme était-il ?


En l’espace de quelques questions, une direction est prise. A ce stade, l’intervenant et le client s’accordent sur le fait qu’ils vont chercher ensemble les causes du problème. La logique de l’intervention est donc, dans ce cas, déterminée par la question du “Pourquoi“.


Dans ce travail d’interprétation qui débute, le client acceptera l’idée qu’il doit réfléchir aux causes de ses insomnies pour espérer ne plus s’y soumettre.


Voyons maintenant comment pourrait commencer une séance avec un praticien orienté solution pour le même cas clinique.



… à un début d’accompagnement de type construction de solution (le vers quoi ?)


Thérapeute : Quel est votre plus grand espoir à l’issue de cette séance ?

Client : Je voudrai réussir à dormir la nuit !

Thérapeute : Quel sera le premier signe qui vous fera dire que cette séance a été utile pour vous ?

Client : Je partirai d’ici avec l’espoir de dormir.

Thérapeute : Quelle différence cela va-t-il faire pour vous ?

Client : Je serai plus détendu et j’arriverai sans doute à dormir une nuit complète.

Thérapeute : Imaginons que vous soyez capable de dormir une nuit complète, quelle différence cela fera pour vous ?

Client : Je pense que je me réveillerai de meilleure humeur, je serai plus détendu avec les enfants.

Thérapeute : Quoi d’autres ?

Client : Je serai plus sereine dans ma recherche de travail.


On voit bien à travers cet exemple, que pour le même problème d’insomnie, le choix des questions et la philosophie d’accompagnement donne une toute autre direction à l’entretien. Dans ce cas, quelques questions suffisent pour entrevoir un objectif de séance qui ne sera pas la disparition du problème.

L’objectif de l’accompagnement devient ce que la personne souhaite voir advenir dans sa vie (#versquoi) et non la disparition de son problème.



Conclusion


Le changement de paradigme, nécessaire à une posture de constructeur de solution, nous oblige (thérapeutes, psychologues, coachs professionnels, travailleurs sociaux) à faire un choix d’accompagnement fort. Se concentrer le plus possible sur le devenir de la personne, sur ses aspirations et ses espoirs.


Le praticien orienté solution travail avec son client sur un futur espéré, une vision de l’avenir dans laquelle le problème n’occupe pas une place indésirable.

Ce futur espéré permet de s’entendre sur un objectif d’accompagnement qui ne sera plus forcément la disparition du problème. Comme le dit Philippe Bigot dans sa formation au coaching professionnel orienté solution : « La personne a des problèmes parce qu’elle a un objectif et non l’inverse ».


Le temps est donc venu selon moi de passer d’une logique du pourquoi à une logique du pour quoi ou du vers quoi ? Ce conseil s’adresse bien sûr aux différents professionnels de la relation d’aide mais aussi à toutes les personnes qui souhaitent, à défaut de changer le monde dans lequel nous vivons, changer le regard qu’elle porte sur ce dernier et sur tous ceux qui le composent.




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*Sébastien Dupont, 2014, L’autodestruction du mouvement psychanalytique, Gallimard

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