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“Mensonge blanc” : Protection de l'autre ou de soi-même ? Thérapie de couple et mensonge.




couple de face

Introduction : Le dilemme du mensonge en thérapie de couple


Le mensonge, même sous sa forme la plus anodine, peut avoir des répercussions profondes sur la dynamique d'un couple. Lors d'une séance récente en thérapie de couple à l'Institut AOS, une situation illustrant cette complexité s'est présentée. Le couple discutait des « mensonges blancs », ces petites altérations de la vérité souvent justifiées comme un moyen de protéger l'autre. Cependant, cette séance a permis de soulever une question fondamentale : ces mensonges protègent-ils réellement l'autre ou sont-ils une manière de se protéger soi-même ?

 


Le “mensonge blanc” comme mécanisme d'auto-protection


Dans cette situation, le conjoint expliquait comment, au fil de leur relation, il avait recouru à des mensonges qu'il qualifiait de “blancs” pour éviter de créer des tensions. Par exemple, il avait dissimulé le fait d'avoir fumé, sachant que sa partenaire désapprouvait cette habitude. Pourtant, en y regardant de plus près, ces mensonges n'étaient pas tant destinés à protéger l'autre, mais plutôt à protéger lui-même de ses propres peurs : la peur du rejet, la peur de déplaire ou encore la peur de perdre l'autre.

Ces comportements trouvent écho dans les réflexions de Paul Watzlawick dans son ouvrage Faites vous-même votre malheur. Watzlawick met en lumière comment certaines stratégies, censées éviter le conflit ou la souffrance, finissent par alimenter le problème qu'elles cherchent à prévenir. Ce conjoint, croyant épargner sa compagne en dissimulant des vérités inconfortables, a en réalité nourri une spirale de méfiance, où chaque mensonge, même blanc, a progressivement érodé la confiance de l'autre.

 


La dynamique toxique des “mensonges blancs”, thérapie de couple et mensonge blanc.




Couple dans les bras

Au début, ces « petits mensonges » étaient tolérés par sa compagne, qui les considérait comme des maladresses. Cependant, au fil du temps, une méfiance croissante s'est installée. Chaque mensonge, aussi inoffensif semblait-il, faisait naître chez elle une interrogation : « Si cela est caché, qu'est-ce qui d'autre pourrait l'être ?

Cette méfiance s'est exacerbée le jour où un mensonge blanc a eu des répercussions directes sur elle. Le conjoint avait dissimulé une sortie avec une autre personne, prétendant simplement éviter un différend. Ce mensonge, touchant un domaine plus intime et sensible, a déclenché une explosion émotionnelle chez elle. Là encore, les théories de Watzlawick nous éclairent : les prophéties auto-réalisatrices qu'il décrit montrent comment, en voulant éviter un problème, on fini par le créer. Plus ce conjoint mentait par peur de la confrontation, plus sa compagne se méfiait, et plus il sentait le besoin de mentir pour éviter des conflits plus graves. Ce cercle vicieux, classique en thérapie de couple, a culminé avec un mensonge plus significatif qui a brisé le fragile équilibre de leur relation.

 


Mensonge pour l'autre ou mensonge pour soi ? Une distinction clé


Cet exemple soulève une distinction cruciale en thérapie de couple : un “mensonge blanc” peut-il réellement être justifié s'il vise à protéger l'autre ? Ou bien, s'il sert principalement à protéger celui qui ment, doit-il encore être considéré comme « blanc » ? Il est important de comprendre que mentir pour épargner l'autre, pour éviter une douleur inutile ou un choc émotionnel, peut parfois sembler justifiable. Mais lorsque le mensonge est motivé par la peur de perdre l'autre ou de faire face à ses propres insécurités, il devient un mécanisme d'auto-protection, érodant progressivement la relation.

Dans le cadre de la thérapie, il est essentiel de briser ce cercle de méfiance et de mensonge. Les partenaires doivent explorer leurs peurs profondes et apprendre à s'ouvrir avec honnêteté, même lorsque cela semble difficile. Un mensonge qui protège véritablement l'autre pourrait, à terme, être contreproductif s'il n'est pas accompagné d'une réflexion plus large sur la dynamique de couple.

 


Conclusion : Vers une transparence salutaire ?


couple agé zen

Comme l'a si bien exprimé Paul Watzlawick, nos tentatives pour éviter le malheur peuvent souvent nous y conduire. Le “mensonge blanc”, initialement vu comme une stratégie protectrice, peut se transformer en une dynamique destructrice, minant la confiance et créant une spirale de méfiance. En thérapie de couple, l'un des objectifs clés est de reconstruire cette confiance à travers une communication honnête et authentique. Plutôt que de cacher la vérité pour éviter la douleur, il est souvent plus bénéfique de faire face aux vérités inconfortables afin de travailler ensemble à la consolidation du couple. Après tout, c'est dans cette transparence que l'on peut construire une relation durable, fondée sur la confiance mutuelle et l'acceptation.

 



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