En ce début d’aventure professionnelle, la chose la plus délicate quand il s’agit de parler de ma pratique est de trouver un nom qui puisse parler au plus grand nombre, un nom qui laisse la porte ouverte aux représentations, aux préjugés, sans toutefois fermer la porte d’une possible expérimentation.
Je suis convaincu que cette pratique orientée solution, que ce soit en thérapie, en coaching ou dans l’accompagnement de groupe, va se développer de manière exponentielle au regard des effets qu’elle produit, plus que par le nom qui lui est attribué.
Les gens pourront peut-être choisir par eux-mêmes le nom qu’ils donnent à leur accompagnement en fonction du sens que cela fait pour eux et du contexte dans lequel s’inscrit leur demande d’aide (personnelle, professionnelle, familiale…).
Je pense néanmoins important d’expliciter ici, ce que j’entends par thérapie brève et en quoi ma pratique se démarque du coaching tel qu’il peut être compris du fait de l’ultra-médiatisation de ce terme (coach de vie, coach sportif, coach scolaire et autres…).
Une pratique en devenir…
La thérapie brève orientée solution s’adresse aux personnes ou aux groupes de personnes (famille, couple…) qui souhaitent opérer un changement dans leur vie personnelle. Elle est une solution au même titre que la psychologie ou la psychothérapie pour dépasser une situation qui empêche la personne ou le groupe de se réaliser pleinement.
Le modèle français est très majoritairement influencé par le modèle psychanalytique et les différentes théories élaborées par Sigmund Freud. L’impact de la psychanalyse en France est tel, qu’elle continue d’influencer les croyances de chacun et notamment dans l’idée que l’on se fait de la relation d’accompagnement.
Dans ce contexte, il est quelque peu subversif d’avancer les principes suivants au sujet de la thérapie brève orientée solution tout en affirmant les effets positifs qu’elle produit en seulement quelques séances :
· Comprendre l’origine du problème ne le fait pas pour autant disparaître.
· La situation évoquée par la personne est une construction par le langage qui résulte d’une infinité de paramètres (passé, présent, futur, contexte familial, social, économique, culturel, politique…).
· Parler des problèmes crée de nouveaux problèmes, parler des solutions crée de nouvelles solutions.
· Il n’y a pas de « vrai » problème ou de plus gros problème derrière le problème.
· Le changement est inévitable, rien ne se répète, c’est le principe de l’impermanence.
· Le thérapeute orienté solution ne fait pas de diagnostic, il développe une relation de non-savoir et de non-pouvoir. Le patient est expert de son changement.
· Un petit pas est suffisant pour amorcer de grands changements qui peuvent être rapides et durables.
· Le client fait de son mieux dans la situation qui est la sienne, il coopère avec le thérapeute. Le concept de coopération prend la place du concept de résistance
En résumé, la thérapie brève orientée solution peut se résumer ainsi :
· Si ce n’est pas cassé, ne réparerez pas !
· Si quelque chose fonctionne, faites-en plus !
· Si ça ne marche pas, faites quelque chose de différent !
C’est peut-être pour tous ces aspects que, pour certaines personnes, le terme de coaching fait plus écho que celui de thérapie. C’est en effet une méthode qui s’intéresse plus au devenir qu’au passé, qui comporte des aspects opérationnels (les tâches à réaliser entre les séances et les actions à mettre en application) et c’est un accompagnement qui ne dure pas dans le temps.
Pour d’autres, le terme de coaching est plus socialement accepté et assumé, dans la mesure où il ne renvoie pas à des troubles psychiques graves. Il est, dans certains contextes, plus facile de dire que l’on voit un coach plutôt que l’on est suivi par un psychologue.
… applicable à tous les besoins
La thérapie brève orientée solution est utile pour toute personne qui espère voir un changement se produire dans sa vie, quel que soit le problème ou le trouble avec lequel elle se démène. En effet, la thérapie brève n’est pas applicable uniquement, et comme on pourrait le penser, dans des situations où le problème est dit superficiel. Pour preuve, la thérapie brève a été développée au Brief Family Thérapy Center (BFTC) de Milwaukee, par une équipe de psychologues et de chercheurs sur des familles et des sujets en proie à de grandes souffrances et dans des contextes d’extrême pauvreté.
Au Québec, c’est une méthode qui est employée par des psychologues, des psychiatres et des travailleurs sociaux dans les services de prévention des risques au suicide, et dans des centres de crise où les problématiques sont nombreuses (addictions, troubles anxieux, dépression…).
L’association EBTA, à laquelle j’appartiens, a comme objet de développer la thérapie brève orientée solution en Europe. De nombreux psychologues, psychiatres, thérapeutes, travailleurs sociaux se retrouvent donc régulièrement pour participer à son développement et partager des expériences innovantes et efficientes.
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